Le rôle des paiements dans l’avenir de la mobilité

Paiement mobilité

Le début de la nouvelle ère de la mobilité

Depuis que la première voiture modèle T est sortie de la chaîne de montage, nous n’avons jamais assisté à un tel bouleversement de la mobilité. Dans des pays comme la France, la Belgique et la Finlande, les réglementations gouvernementales et les investissements dans la mobilité ouvrent la voie à de nouveaux modèles. Ces nouvelles lois sont à la mobilité ce que la DSP2 est à la banque ouverte, visant à bénéficier aux consommateurs tout en stimulant l’écosystème des startups dans le domaine de la mobilité en tant que service (MaaS).

D’une part, les acteurs traditionnels de la chaîne de valeur des carburants sont confrontés à des réglementations qui bouleversent leurs modèles, et d’autre part, les nouvelles mesures d’incitation gouvernementales en faveur de la mobilité alternative alimentent toute une vague de startups innovantes proposant des solutions disruptives. Les consommateurs de mobilité jouent également un rôle dans cette transformation, en exigeant de meilleures options et de meilleures expériences.  

Dans quelle mesure les paiements seront-ils affectés ?

Les paiements jouent un rôle tout à fait particulier dans l’écosystème de la mobilité en pleine évolution. Qu’est-ce que cela signifie pour les cartes de carburant ? Les cartes de marque privée appartiennent-elles au passé ? Les nouvelles solutions
privilégieront-elles les circuits ouverts plutôt que les circuits fermés ? La carte de paiement sera-t-elle le nouveau titre de transport ? Le smartphone sera-t-il la nouvelle carte de paiement ?

Le rythme du changement varie considérablement en Europe. Londres, par exemple, a adopté les paiements sans contact en circuit ouvert en 2012 pour son réseau de transports publics. La Finlande est connue comme un pionnier de la mobilité, mettant l’accent sur la technologie numérique. C’est également là que se trouve la startup de la mobilité, Whim, fondée en 2015 et qui est aujourd’hui un leader des applications de mobilité en Belgique, en Autriche et au Royaume-Uni.

Souvent, les paiements s’adaptent à l’évolution des préférences de la société par le biais de réglementations et de lois gouvernementales. Par exemple, la Belgique a une forte culture de la voiture de fonction, et en 2019, le gouvernement a adopté une loi sur le budget mobilité. Parmi de nombreuses initiatives, la loi permet un forfait mobilité fiscalement avantageux afin d’inciter les employés à utiliser des moyens de transport plus écologiques. La France a adopté une loi similaire en 2019 avec la Loi d’Orientation des Mobilités.

Un zoom sur ce qui change avec la loi LOM en France

Promulguée en 2019, la loi LOM (Loi d’Orientation des Mobilités) vise à transformer la politique de transport de la France pour qu’elle soit mieux adaptée aux besoins et aux attentes de la population. Elle s’appuie sur 3 piliers.

  • Faciliter le déploiement de nouvelles solutions pour permettre à tous de se déplacer
  • Initier la transition vers une mobilité plus propre
  • Investir davantage et mieux dans les transports quotidiens

Une mesure notable dont les entreprises prennent note est la création d’un forfait mobilité durable. Avec un montant maximal pouvant atteindre 500 €/an (à partir de janvier 2021), le forfait mobilité couvre les frais de transports alternatifs pour les déplacements domicile-travail, comme le covoiturage ou le vélo.  Basée sur le principe des tickets restaurant largement utilisés en France, la mesure vise à permettre le paiement du forfait via un chèque mobilité, ou à terme, une carte de mobilité numérique. Elle est particulièrement intéressante dans la mesure où elle peut être combinée, avec la contribution de l’employeur, à l’abonnement aux transports publics et est exempte des impôts et cotisations sociales.

 

Forfait Mobilité Durable

Bien que ces mesures soient relativement nouvelles en France, nous pouvons nous tourner vers des pays comme la Belgique ou la Finlande, disposant de modèles de mobilité en tant que service (MaaS) plus établis. Ces derniers démontrent un écosystème de mobilité riche qui transforme le parcours de paiement en une expérience sans faille.

La mobilité en tant que service

Une observation rapide de la circulation des individus dans la rue montre que les populations se déplacent différemment. La mobilité en tant que service, ou MaaS, répond à cette tendance croissante en proposant aux voyageurs d’utiliser tous les modes de transport, en harmonisant les services de mobilité nouveaux et existants.

L’Europe, dans son ensemble, a connu une tendance accélérée à l’adoption de la mobilité alternative. À ce titre, les entreprises de mobilité en démarrage ou en croissance développent des propositions de valeur centrées sur le smartphone et couvrant un large éventail de cas d’utilisation, depuis la sélection du trajet le plus efficace jusqu’au paiement sécurisé et facile.

  • Planification : choisir entre différentes options de voyage, calculer le meilleur itinéraire (le plus rapide, le moins cher, en fonction de la météo, etc.)
  • Exécution : réservation et stockage de billets sur un smartphone, qui peut ensuite servir de titre de transport
  • Achat : accès à un parcours de paiement sans friction, que ce soit via un porte-monnaie ou un abonnement mensuel dynamique qui calcule le meilleur prix en fonction de ce qui est réellement utilisé

Concrètement, cela peut se présenter comme suit : un utilisateur ouvre une application et indique une destination. Un itinéraire est proposé, et comme il fait très beau, l’application propose de louer un vélo pour une partie du trajet et de finir en transports publics le reste du chemin. L’utilisateur est dirigé vers la station de vélo en libre-service la plus proche, utilise son smartphone pour déverrouiller le vélo et, lorsque le vélo est rendu, le compte de l’utilisateur est automatiquement débité pour le temps utilisé. Ensuite, dans les transports publics, l’utilisateur scanne un code QR sur son smartphone pour accéder à son trajet et le payer.

 

Mobilité en tant que service MaaS

Paiements : ouvrir la voie à une meilleure expérience du consommateur dans les transports en commun

Le modèle MaaS offre à la fois des opportunités et des défis, car les différents acteurs de l’écosystème doivent travailler ensemble pour en faire une réalité. Les consommateurs attendent du modèle MaaS qu’il repose sur le principe du guichet unique. Cela met au premier plan la complexité de l’utilisation de différents modes de transport avec des méthodes de paiement différentes.

La résolution de cette complexité repose sur deux éléments essentiels. Le premier est l’agrégation et l’intégration des services sur une plateforme numérique unique. La plateforme privilégiée est généralement le smartphone. Deuxièmement, le droit d’accès aux services de données de paiement des opérateurs de transport, qui n’est peut-être pas une réalité à l’échelle de l’UE, mais qui l’est dans certains pays comme la France avec la loi LOM (2019) et la Finlande avec la loi finlandaise sur les services de transport (2017). Ces lois nationales prévoient également des dispositifs relatifs à l’interopérabilité technique des systèmes de billetterie en exigeant de tous les fournisseurs de transport public l’ouverture de leurs API de billets uniques ou d’abonnement à la revente par des tiers. Par conséquent, ce principe de guichet unique favorise l’évolution vers un seul dispositif pour tout, y compris la carte de paiement.  

 

L’approche du paiement au sein du modèle MaaS est assez dynamique, évoluant parfois au sein de paradigmes établis tels que les cartes de marque privée en circuit fermé, ou prenant de nouvelles dimensions telles que les portefeuilles et les paiements ouverts.

Dans un système en circuit fermé, vous avez l’avantage d’exploiter un réseau de partenaires et le modèle commercial penche souvent du côté du B2B, avec des solutions destinées aux employeurs qui fournissent des cartes prépayées à leurs employés pour leurs services de mobilité. L’inconvénient est que le réseau peut être assez restrictif, offrant un nombre limité de services de mobilité en fonction des partenariats établis. Le risque est de ne pas pouvoir suivre le rythme de la multitude de services dont le consommateur a réellement besoin ou envie.

La tendance est de plus en plus aux modèles circuit ouvert restreint, et c’est là que nous avons tendance à voir les startups de la mobilité se positionner. En limitant le réseau à un code de catégorie de commerçants, l’offre de mobilité peut se développer plus rapidement. Les modèles commerciaux actuels tendent à être B2C, bien qu’il s’agisse davantage d’un choix de positionnement sur le marché car les modèles B2B, bien que moins répandus, existent.

On ne sait pas à quelle vitesse ces modèles de paiement peuvent converger, mais ce qui est sûr, c’est que ce domaine évolue à un rythme rapide. D’une part, la pandémie a poussé des millions de travailleurs à travailler à domicile, mais d’autre part, elle a également accéléré les tendances en matière de mobilité alternative. Par exemple, l’utilisation du vélo a bondi en 2020 de 27 % en France et de 44 % en Belgique.  Quels que soient les modèles MaaS qui prévalent, il est évident que les paiements ne peuvent être séparés de la mobilité, car il s’agit d’un élément clé pour faire du MaaS un succès.

Vous voulez en savoir plus sur l’étude de Galitt sur les paiements et la mobilité ? 

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