État des lieux du marché des paiements

Alors qu’une grande partie du secteur des services financiers a connu des difficultés depuis le début de la pandémie, le marché des paiements est resté, dans l’ensemble, plutôt résilient. L’utilisation des paiements numériques est montée en flèche avec une vague de nouvelles méthodes de paiement digital de plus en plus innovantes.
Il s’agit en effet d’un marché en plein essor depuis un certain temps, puisque les transactions non monétaires mondiales ont augmenté de près de 100 % entre 2014 et 2021, pour atteindre un total de 840 milliards de transactions. Et c’est une tendance qui devrait se poursuivre. Le marché mondial des paiements a été évalué à 517,68 milliards de dollars en 2021, et devrait atteindre 735,39 milliards de dollars en 2025, avec un TCAC de 9,2 %.

Global Payments Market
Il est clair que les paiements sont porteurs de possibilités et d’opportunités. Pourtant, de nombreux acteurs historiques, comme les banques, ont encore du mal à tirer le meilleur parti de ce marché en plein essor. Ces acteurs devront s’adapter et réagir rapidement. Sinon, ils pourraient se retrouver sur le bord du chemin.

L’abandon des méthodes de paiement traditionnelles

L’utilisation du cash pour effectuer des transactions est en baisse constante depuis un certain temps. Même avant la pandémie de 2019, l’espèce n’était utilisée que dans 26 % des paiements des consommateurs, contre 40 % en 2012. Et, bien sûr, ce chiffre a continué à baisser en 2020 et 2021, en raison des mesures sanitaires prises à la suite du COVID-19.

Il est peu probable que le cash connaisse un grand renouveau, indépendamment du moment et de l’ampleur de la fin de la pandémie. On prévoit que dans les années à venir, l’argent liquide perdra encore 38 % de parts de marché, pour atteindre seulement 12,7 % du volume mondial des points de vente d’ici 2024.

La baisse globale de l’argent liquide n’a toutefois pas entraîné une baisse des dépenses. Le commerce électronique n’a cessé de croître au cours des cinq dernières années. En 2020, 4,6 milliards de dollars ont été comptabilisés en transactions, soit une augmentation de 19 % par rapport à 2019.

Ainsi, alors que l’argent liquide a été laissée dans les distributeurs automatiques, les portefeuilles numériques et les virements bancaires sont en plein essor. En fait, on prévoit que les transactions autres qu’en espèces atteindront 1,1 trillion d’ici 2023. 

Quelles sont les méthodes de paiement les plus populaires et où ?

La tendance la plus rapide et croissante en matière de méthode de paiement est le wallet digital, qui représentera 44,5 % des transactions de commerce électronique en 2020, soit une augmentation de 6,5 % par rapport à 2019.  Cela inclut la croissance du secteur des portefeuilles mobiles, les consommateurs se tournant de plus en plus vers des méthodes de paiement on-the-go telles qu’Apple Pay ou Google, une tendance particulièrement portée par les consommateurs d’Asie et d’Amérique du Nord.

Dans le monde, les consommateurs chinois sont les plus grands utilisateurs de wallets, qui représentent 72,1 % des achats en ligne dans le pays ; tandis qu’aux États-Unis, les portefeuilles numériques représentent désormais 29,8 % des transactions en ligne, soit une augmentation de 23,7 % par rapport à 2019.

Wallet

Cette généralisation des paiements par wallet devrait avoir un impact négatif sur l’utilisation des cartes de crédit, des virements bancaires et des paiements en espèces à la livraison. D’ici 2024, on prévoit que les portefeuilles numériques représenteront 51,7 % du volume des paiements électroniques, les cartes de crédit et de débit baissant à 20,8 % et 12 % respectivement.

Au-delà de proposer à leurs utilisateurs une plateforme moderne d’échanges de cryptomonnaies, l’un des buts intrinsèques de ce projet est aussi de prendre de l’avance sur les offres des banques traditionnelles et néo-banques. Plus frileuses que beaucoup de Fintechs vis-à-vis d’innovations de cette ampleur, les grands établissements bancaires classiques mettent du temps à réfléchir et à proposer des solutions sur le sujet.

Les banques à la traîne

Il n’est sans doute pas surprenant que les fintechs et les banques exclusivement numériques prospèrent avec la montée en puissance de ces nouveaux modes de paiement, alors que leurs concurrents sont en difficulté. Les entreprises les plus jeunes et les plus férues de technologie disposent souvent de la souplesse et de l’expertise numérique interne nécessaires pour intégrer les dernières solutions à leurs offres destinées à la clientèle, tandis que les banques et les institutions financières de plus grande taille, souvent entravées par les systèmes existants et la réglementation, peuvent avoir du mal à suivre le rythme.
Selon une étude, la valorisation des entreprises fintech du secteur des paiements a augmenté à un taux annuel de 27 % entre 2016 et 2020, alors que les capitalisations boursières des banques ont diminué de 1 %.
Avec des taux d’intérêt à des niveaux historiquement bas, des pertes généralisées sur les cartes de crédit et les pressions de la réglementation et de la concurrence, les banques devraient peut-être envisager de repenser leurs modèles de paiement actuels si elles veulent avoir une chance de combler le fossé.
Une telle évolution nécessiterait de repenser fondamentalement l’approche des banques en matière de paiements à l’ère numérique, afin de créer des structures de paiement convaincantes et avantageuses pour les consommateurs.
Dans le prochain article de cette série, nous examinerons de plus près la concurrence des acteurs historiques, les raisons pour lesquelles ces nouveaux venus semblent avoir l’avantage et ce que les banques et institutions financières traditionnelles peuvent faire pour rester dans la course.

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