Open Banking, l’heure est à l’ouverture et à la collaboration dans l’écosystème des paiements

Déc 15, 2020

Suivant plus ou moins scrupuleusement l’histoire de la monnaie, le système bancaire évolue depuis des centaines d’années en s’adaptant au contexte dans lequel il agit. A l’ère du digital et du partage d’informations, une nouvelle transformation du modèle bancaire se profile.

Une transformation profonde du modèle bancaire

Les banques traditionnelles se doivent d’adapter leurs modèles afin d’être en adéquation avec les nouvelles pratiques du marché. Autrefois seules gérantes des flux financiers de la population, elles se retrouvent aujourd’hui contraintes d’ouvrir ces flux à de nouveaux acteurs. Les fortes crises financières des années 1990 et 2000 ont participé à la perte de confiance en ce système bancaire, qui n’était donc finalement pas infaillible.

On a donc pu constater progressivement l’ouverture des flux bancaires à d’autres acteurs. Les deux Directives sur les Services de Paiement, respectivement publiées en 2007 pour la première puis en 2015 pour la deuxième, vont être structurantes pour le marché, permettant notamment l’ouverture de ces flux qui peuvent désormais être traités par d’autres établissements que les banques traditionnelles.

Parmi ces nouveaux acteurs, on retrouve un nombre grandissant de Fintechs, utilisant les dernières technologies pour proposer des services financiers innovants. L’objectif de ces Fintechs est simple : rendre la gestion des flux bancaires plus personnelle et transparente pour l’utilisateur. C’est de ce principe que vont émerger de plus en plus d’applications bancaires, souvent mobiles, permettant à l’utilisateur d’avoir une alternative au propositions bancaires classiques. Lydia, PayPal, Bankin’ et même les géants Google et Apple proposent maintenant leurs plateformes de services bancaires et de paiement (Google Pay et Apple Pay).

Certaines Fintech proposent même des services bancaires quasiment complets permettant aux plus sceptiques de se passer complètement des banques « classiques ». Appelées « Néo-banques », celles-ci ont pour vocation de remplacer intégralement les services des banques, de la fourniture d’une carte bancaire à la gestion de vos dépenses sur une application. C’est là que les néo-banques et les Fintechs ont frappé fort : elles ont réussi à proposer une alternative crédible, digitale, plus ergonomique et rapide d’utilisation que les parcours habituels. A partir d’une simple application mobile téléchargeable n’importe où, on peut aujourd’hui ouvrir un compte bancaire en un temps record.

Les acteurs traditionnels du paiement sont d’ailleurs bien au courant du potentiel de toutes les solutions citées ci-dessus, au point de racheter certaines de ces Fintechs, comme cela a été le cas pour Crédit Agricole avec Linxo ou Crédit Mutuel Arkéa avec Budget Insight. L’évolution plus globale vers ce genre de nouveaux services semble donc inévitable, tout comme la collaboration entre anciens et nouveaux acteurs du paiement.

Vers un nouvel écosystème ouvert du paiement : des possibilités multiples grâce aux API

Imposée par la DSP2, l’obligation pour les banques de partager certaines informations a finalement créé un écosystème de partage, ouvrant de nombreuses portes en termes d’innovation dans le paiement. Parmi les perspectives les plus intéressantes créées par l’Open Banking, on retrouve l’apparition de nombreuses API (Application Programming Interface) liées au paiement, devenues un standard de communication entre banques et Prestataires tiers de services de paiement (TPP). Ces applications accélèrent la digitalisation du paiement en proposant des services digitaux, accessibles à tous via une application mobile et fournissant une vue globale sur l’activité financière de l’utilisateur.

Concrètement, ces API permettent à n’importe quelle entreprise de proposer des services financiers à ses clients sans devoir elle-même être une banque. Pour prendre un exemple simple, une boutique e-commerce pourra utiliser une API afin de pouvoir générer une demande de paiement directement sur son site, sans rediriger le client sur une page externe de la banque. Même si cette pratique parait anodine, elle permet de réduire les abandons de commande qui sont très fréquents lors de procédures de paiement en ligne trop longues. On reste donc dans l’objectif d’offrir une expérience utilisateur fluide et sans friction, afin de limiter les éléments pouvant freiner l’achat. Loin d’être négligeable, cette UX / expérience utilisateur est au cœur des stratégies digitales d’un site e-commerce ou d’une application.

 

Expérience client e-commerce

Source : Youand

Le secteur des Terminaux de Paiement est lui aussi touché par les pratiques de l’Open Banking. Ces terminaux permettant d’encaisser les paiements par carte bancaire étaient traditionnellement fournis aux commerçants par les banques dans la quasi-totalité des cas. Mais comme pour les exemples cités précédemment, de nouveaux acteurs proposent aujourd’hui des alternatives avec toujours le même objectif de rendre ces solutions le plus accessibles possible. C’est de ce constat que le modèle de m-POS (Mobile Point Of Sale) a fait son apparition. Plus compacts et simples d’utilisation qu’un TPE classique, les Fintechs distribuant ces m-POS misent également sur une expérience utilisateur accrue en proposant une procédure d’inscription accélérée. Des acteurs comme Stripe permettent à leurs commerçants clients de personnaliser totalement leur terminal d’encaissement grâce à ses API et de créer des parcours client sur mesure.
Les exemples de ces interfaces de programmation d’application sont de plus en plus nombreux et vont très probablement continuer d’évoluer. Dans un contexte définitivement tourné vers le digital, il faut s’attendre à les retrouver partout dans notre quotidien. L’Open Banking aura donc permis de démystifier le monde traditionnellement fermé des banques et du paiement, en permettant à de nombreux nouveaux acteurs d’y évoluer.

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