Le paiement fractionné, un must have pour les commerçants ?

Mar 10, 2021

Le paiement fractionné est un moyen de paiement inspiré par le crédit à la consommation, apparu dans le début des années 1900 aux Etats-Unis. Sa première utilisation concernait à l’époque l’industrie automobile, permettant aux clients de payer en plusieurs fois leur voiture. De nos jours, l’explosion de l’e-commerce redonne un second souffle à ce paiement fractionné qui, dans ce contexte de crise sanitaire, est de plus en plus utilisé par les consommateurs.

Paiement fractionné

Une remise en avant facilitée par la technologie et par l’évolution de la réglementation

L’utilisation du crédit varie assez nettement en fonction des pays. Mais le paiement fractionné, lui, connaît un succès universel depuis déjà plusieurs années. En France, son succès est dû entre autres au tour de vis réglementaire donné par la loi Lagarde en 2010. Cette dernière a rendu la souscription du crédit à la consommation beaucoup plus complexe. Les acteurs s’y sont adaptés en poussant le paiement fractionné d’une durée inférieure à 90 jours et souvent gratuit, lequel ne tombe pas sous le coup de la loi.

En Europe en général, mais aussi aux Etats-Unis et en Australie, c’est la désaffection pour les cartes de crédit et le développement de l’e-commerce qui ont poussé les consommateurs vers le paiement fractionné. Une alternative bien moins coûteuse pour eux et dont les parcours sont généralement très simples.

Autrefois encombrés par les nombreuses cartes de crédit allant de pair avec l’utilisation de réserves d’argent, les consommateurs de nos jours bénéficient de solutions plus pratiques et moins coûteuses. Le progrès technologique n’épargne en effet aucun domaine, et l’avènement du smartphone comme l’objet connecté multifonctions ultime a permis de rendre disponibles à tous des technologies autrefois réservées aux grandes entreprises et industries.

Durant son parcours d’achat en ligne, l’internaute pourra bénéficier depuis chez lui du paiement en plusieurs fois ; et ce d’un simple clic au moment de finaliser sa commande en ligne. L’accès au paiement fractionné est donc sans frictions et très discret : le sentiment d’endettement semble être moins fort de cette manière plutôt que d’accumuler des cartes de crédits physiques comme c’était le cas initialement. Par ailleurs, beaucoup de commerçants font le choix de proposer cette fonctionnalité gratuitement (trois ou quatre fois sans frais), le coût étant supporté par une commission payée par le marchand.

C’est donc de ce constat que de nombreuses FinTech sont parties pour proposer ce type de services aux consommateurs. La crise de la Covid-19 a créé un sentiment de retenue pour beaucoup de personnes, se privant de consommer par peur de l’avenir ou par nécessité financière. Le fait de leur proposer des solutions plus souples permettant de temporiser le paiement rassure une bonne partie de ces consommateurs plutôt réticents à l’origine.

Ce phénomène concerne en premier lieu les achats de montants élevés, mais pas seulement. Cette méthode de paiement est pensée pour des biens relativement chers, des appareils électro-ménagers aux voitures. Ainsi, un client souhaitant se procurer un appareil coûtant 1000 € pourra étaler le paiement de cette somme sur plusieurs mois plutôt que de devoir régler l’intégralité de la somme à l’acquisition du bien. Mais, depuis le début de la crise, de nombreux acteurs ont constaté que ces coups de pouce sont aussi souvent consacrés à l’achat des biens du quotidien. Une situation qui inquiète les régulateurs européens.

Comment marche le paiement fractionné

Une situation qui n’est pas sans risques

Déjà rapidement évoqués ci-dessus, les avantages du paiement fractionné pour les consommateurs comme pour les commerces sont réels.

Il permet pour les commerçants :

  • D’augmenter le taux de conversion des parcours d’achat des consommateurs en ligne. Par sa souplesse, le paiement fractionné intimide moins à l’achat que le fait de régler la somme dans son intégralité.
  • D’augmenter le panier moyen des acheteurs, rassurés par la possibilité de régler leurs achats sur le long terme, et qui ont tendance à consommer plus.
  • D’éviter les impayés, ces derniers étant pris en charge directement par les partenaires prêteurs.

Pour les consommateurs, ce paiement fractionné permet de se procurer un bien immédiatement, même si leurs finances à l’instant T ne le leur permettent pas, grâce à l’étalement de la facture.

Les avantages du paiement fractionné sont donc indéniables et expliquent le succès phénoménal qu’il connaît depuis quelques mois. A tel point que les régulateurs européens s’en inquiètent. Ils sont en effet conscients des éventuels abus et failles de ce système, pouvant avoir des conséquences lourdes pour certains, notamment les clientèles fragiles. Donner la possibilité à n’importe qui de s’endetter librement, pour des gros ou petits montants, est en effet discutable et nécessitera un encadrement de ce moyen de paiement.

Le premier régulateur à avoir réagi est la FCA britannique, qui vient de publier un guide destiné à préparer l’encadrement du Buy Now Pay Later (BNPL). Les autorités britanniques souhaitent que les acteurs du paiement fractionné soient désormais soumis aux mêmes règles que pour l’émission d’un véritable crédit à la consommation. Cela passe notamment par une vérification de la solvabilité de l’emprunteur et par une vérification de son identité, ce qui risque d’alourdir les parcours d’enrôlement.

Et d’autres pays pourraient suivre, notamment la France. Cette activité nécessite en effet un encadrement :

  • pour permettre une meilleure information du consommateur, qui doit rester conscient du coût de cette option lorsqu’elle est payante (près de 2 % du montant de la transaction, soit l’équivalent d’un taux annuel de 8 %)
  • et pour prévenir les risques de surendettement.

Cette méthode de paiement reste néanmoins fortement utilisée, notamment dans l’e-commerce. Son potentiel est très important car c’est une option qui reste bien moins coûteuse pour le consommateur qu’un crédit à la consommation traditionnel. A force d’encadrement et de pratique, les autorités financières et les acteurs du paiement devraient trouver des moyens de poser des garde-fous pour favoriser son usage à long terme.

Share This