EPI : la prochaine révolution européenne des paiements ?

Mar 19, 2021

En 2020, 16 banques européennes, issues de 5 pays de la zone Euro, lançaient l’idée d’un réseau de paiement international indépendant de Visa et Mastercard, baptisé EPI (European Payment Initiative). Depuis, l’initiative prend corps, les travaux interbancaires sont lancés et EPI apparaît de plus en plus comme une alternative future dans un monde où la souveraineté européenne porte de plus en plus d’enjeux.

Galitt vous en dit plus sur ce projet d’ampleur, qui pourrait à l’avenir bouleverser notre quotidien de “payeur”.

Un peu d’histoire

Tout d’abord, un petit retour en arrière. EPI c’est d’abord le retour sur le devant de la scène d’une idée qui avait émergé en 2010, sous la forme d’un projet, baptisé Monnet. Ce projet formulait déjà l’idée de constituer un réseau de cartes européen, concurrent de visa et Mastercard. Mais le projet avait échoué devant la difficulté des acteurs impliqués à trouver un consensus sur les innovations à implémenter dans ce cadre et l’absence de valeur ajoutée pour le porteur, par rapport à ce qui existait déjà.

L’idée a cependant poursuivi son chemin. Et en 2019, vingt banques européennes se sont rassemblées autour du projet PEPSI (Pan European Payment System Initiative), rebaptisé depuis EPI.

C’est donc sur ce terreau qu’est né EPI, mais avec une différence fondamentale, qui est de rassembler sous le même scheme toutes sortes de paiements et pas seulement les paiements par carte.

Mais pourquoi EPI ?

Il s’agit d’un projet stratégique, d’ailleurs soutenu par les instances européennes (la Commission Européenne et la BCE), car il répond à deux enjeux majeurs. Le premier est un enjeu d’harmonisation. En effet, si la mise en œuvre de l’espace unique des paiements en euros (SEPA) est bien avancée, force est de constater que cette harmonisation n’est pas encore totale. Le marché européen reste encore très fragmenté. Ainsi, selon la Banque Centrale Européenne “Dix pays européens ont encore des schémas nationaux qui n’acceptent pas les cartes en provenance d’autres Etats membres de l’UE”. EPI a donc été conçu pour créer un nouveau standard européen des paiements, transfrontaliers et domestiques. Cette volonté d’harmonisation s’est d’ailleurs déjà traduite en Europe par la mise en œuvre du virement instantané (également appelé Instant Payment), dans la même idée de favoriser la concurrence et d’encourager l’innovation, au profit des consommateurs. En outre, l’épidémie de COVID-19 a également mis en lumière la nécessité d’un système de paiement dématérialisé européen. De fait, les clients se sont détournés massivement du paiement en espèces et ont privilégié, durant cette période, les règlements sans contact et les achats en ligne.

L’autre enjeu majeur auquel répond EPI, c’est la souveraineté. Les acteurs qui prédominent aujourd’hui sur le marché du paiement par carte sont tous américains, qu’il s’agisse de Visa et Mastercard ou des principaux GAFA qui ont depuis longtemps montré leurs velléités de maîtriser une partie de la chaîne de valeur des paiements. Cette préoccupation existait déjà depuis longtemps, mais a pris une nouvelle importance avec la crise sanitaire et la dégradation du climat géopolitique sous la présidence de Donald Trump.

Qui porte EPI aujourd’hui ?

A l’origine du projet on retrouve la Fédération Bancaire Française ; la France a donc été un moteur puissant à l’origine de ce projet européen. Aujourd’hui, six grandes banques françaises sont impliquées (BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, La Banque Postale et Société Générale). A leurs côtés, dix autres établissements bancaires allemands, néerlandais, espagnols et belges font partie des fondateurs d’EPI. Puis, plus récemment, ce sont deux grandes banques polonaise (PKO Bank Polski) et finlandaise (OP Financial Group) et un consortium de 12 établissements de crédit espagnols qui ont rejoint l’association.

A l’origine du projet on retrouve la Fédération Bancaire Française ; la France a donc été un moteur puissant à l’origine de ce projet européen. Aujourd’hui, six grandes banques françaises sont impliquées (BNP Paribas, BPCE, Crédit Agricole, Crédit Mutuel, La Banque Postale et Société Générale). A leurs côtés, dix autres établissements bancaires allemands, néerlandais, espagnols et belges font partie des fondateurs d’EPI. Puis, plus récemment, ce sont deux grandes banques polonaise (PKO Bank Polski) et finlandaise (OP Financial Group) et un consortium de 12 établissements de crédit espagnols qui ont rejoint l’association.

Dans un prochain article, nous vous présenterons la structure d’EPI, sa future offre et les enjeux techniques qu’elle recouvre.

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