Crypto-monnaies et commerce : entre craintes et attraction

par | Avr 20, 2021 | débutants | 0 commentaires

Apparues pour la première fois en 2008 avec le Bitcoin, les crypto-monnaies sont aujourd’hui nombreuses. Fonctionnant de pair à pair sans nécessiter d’intermédiaire comme un établissement bancaire teneur de compte, les crypto-monnaies intriguent autant qu’elles inquiètent les acteurs du paiement, intéressés par les possibilités qu’elles peuvent apporter mais aussi freinés par la difficulté de les encadrer. Après 13 ans d’existence, de nouveaux concepts tentent d’intégrer ces crypto-monnaies dans le commerce et dans les habitudes de paiement des consommateurs, alors même qu’elles sont considérées comme des supports d’investissement, mais rarement des instruments de paiement compte tenu de leur extrême volatilité.

De grandes entreprises acceptent désormais les crypto-monnaies

Certaines entreprises ont donc décidé de tenter le pari d’accepter les crypto-monnaies en guise de paiement, ou presque.

Le géant de l’e-commerce Rakuten a mis en place un système d’acceptation de ces crypto-monnaies, que vous pouvez échanger contre des « tokens » émis par le site, appelés Rakuten Cash. Les crypto-monnaies ne permettent donc pas d’acheter n’importe quel produit sur le site, mais vous permettent d’alimenter votre « wallet » Rakuten, pour ensuite bénéficier de certains services spécifiques inclus dans les propositions. Les crypto-monnaies ne remplacent dans ce cas pas complètement les moyens de paiement traditionnels, leur utilisation étant limitée à certains services. Ce système de wallet permet néanmoins d’intégrer progressivement les cryptos dans le paiement de certains produits, tout en testant les avantages et potentielles limites d’un tel programme.

Uber a également annoncé de son côté s’intéresser aux crypto-monnaies. Le mastodonte du service de transport et livraison a domicile semble en effet ouvert à l’acceptation des crypto-monnaies pour le règlement de ses services.

PayPal a racheté de son côté la startup israélienne Curv pour 200 millions de dollars, avec comme objectif d’intensifier sa présence dans les cryptos actifs. Depuis, le géant du paiement a d’ailleurs officialisé la possibilité offerte à tous ses utilisateurs de payer les 29 millions de commerçants de son réseau en crypto-monnaies.

Enfin, le constructeur automobile Tesla est lui passé à l’étape supérieure : accepter les bitcoins pour le paiement de son véhicule électrique. Si cette fonctionnalité peut paraître anecdotique, elle reste très symbolique de la démocratisation récente des crypto-monnaies.

Enfin, signalons qu’en Suisse, AXA vient d’ouvrir la possibilité à ses assurés de payer leur cotisation d’assurance en bitcoins.

Il est indéniable que ces crypto-monnaies font de plus en plus parler d’elles et suscitent l’intérêt des commerçants, entreprises et des consommateurs. Il reste néanmoins des éléments importants freinant l’implémentation des crypto-monnaies, qui découlent de la tokenisation d’actifs virtuels très volatiles.

Les limites et risques des crypto-monnaies dans le commerce

Bien que tout soit mis en œuvre par les acteurs cités ci-dessus pour rendre les crypto-monnaies viables, de nombreux doutes persistent quant à l’utilisation sur le long terme des cryptos-actifs en guise de moyens de paiement.

La limite fondamentale de cette utilisation découle de la volatilité des cryptos. Ces dernières sont assujetties à un cours, qui peut fluctuer d’un extrême à l’autre en très peu de temps, comme nous le constatons en ce moment. On peut prendre l’exemple récent du Bitcoin, qui suite à son interdiction par la banque centrale de Turquie est passé de son record historique de 64 800 dollars à près de 60 000 dollars en à peine deux jours. Rien n’est acquis lors d’un investissement dans une crypto-monnaie, tant les fluctuations sont importantes au niveau des prix et de la demande. Une décision étatique comme celle de la Turquie peut impacter à elle seule très fortement le cours d’une crypto-monnaie. Concrètement, cette volatilité rend peu avantageux leur usage en tant qu’instrument de paiement. En outre, tant que les réseaux de paiement ne les acceptent pas dans leurs infrastructures, chaque transaction nécessite systématiquement une conversion, donc des intermédiaires et des frais supplémentaires. Visa et Mastercard progressent sur le sujet, mais commencent à accepter les stablecoins et non les cryptos, précisément parcequ’elles présentent des garanties de stabilité.

Un autre frein à la démocratisation des crypto-monnaies est leur manque de régulation. Fonctionnant en P2P (Peer to Peer), à leur origine elles n’étaient soumises à aucune régulation des banques centrales ni des gouvernements. Les usages ayant précédé la réglementation, il a fallu du temps pour que les autorités de régulation se penchent sur la question. En Europe, en octobre dernier, une ébauche d’encadrement des crypto-actifs a vu le jour à travers la proposition de règlement baptisé MiCa (Markets in Crypto-assets).

Mais il faudra encore du temps pour que les crypto-monnaies soient correctement encadrées et via une réglementation harmonisée.

Enfin, la nature virtuelle et dématérialisée de ces cryptos-actifs les rend vulnérables à tous types de piratages et incidents techniques pouvant impacter leur cours. Même si la sécurité digitale progresse et s’adapte, il faudra du temps pour limiter au maximum les erreurs et risques liés à ces actifs virtuels.

Les crypto-monnaies sont donc un sujet d’interrogation et d’intrigue pour le monde du commerce. A la fois porteuses d’idées novatrices et attrayantes, elles inquiètent malgré tout en leur état actuel. Il est tout cas certain qu’on entendra encore parler d’elles, poussées notamment par les grandes entreprises citées dans l’article. Il faudra observer attentivement les différentes régulations qui apparaitront progressivement afin d’entrevoir l’avenir de l’utilisation des crypto-monnaies dans notre quotidien.

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