Request to Pay : Où en sommes nous ?

par | Sep 3, 2021 | débutants, Retailers | 0 commentaires

Le Request To Pay (RTP) est un scheme/schéma SEPA de service de messagerie permettant d’envoyer des demandes d’initiation de paiement. Lancé depuis le 15 juin 2021 dans les pays de la zone SEPA, il permet aux commerçants d’envoyer directement des demandes de paiement à leurs clients via un canal sécurisé (mail, SMS). Ces derniers auront l’option de payer via un virement instantané ou bien de reporter le paiement à une date ultérieure en refusant la demande de paiement (au maximum de trois mois).

request to pay

Contexte et objectifs du Request To Pay

Le RTP n’est pas donc pas un nouveau moyen de paiement en tant que tel, mais bien un initiateur qui viendra compléter des services déjà existants. Il faut rappeler que l’implémentation de ce RTP est très récente. Début juillet aucun adhérent n’était encore inscrit en France, il faudra donc attendre un peu avant d’avoir des usages concrets du Request to Pay.

On peut néanmoins entrevoir les possibilités de ce service de messagerie étroitement lié à l’EPI (European Payments Initiative). Rappelons que l’EPI est une initiative européenne visant à proposer une solution harmonisée à l’échelle de l’Europe, solution se basant sur des services de paiement digitaux et novateurs comme l’Instant Payment ou bien le RTP. Le Request to Pay vient d’ailleurs compléter le circuit de ce paiement instantané (SEPA Instant Credit Transfer, SCT Inst), rendant celui-ci plus envisageable pour les commerçants. La demande de paiement initiée par le RTP associée à un service de paiement instantané pourrait à terme être une alternative au paiement en magasin par carte bancaire par exemple.

Le RTP trouvera également des applications pour les grands facturiers qui pourront l’utiliser à la place du prélèvement (Direct Debit), ce dernier pouvant être contesté par le payeur dans les 13 mois suivants la transaction.

Le paiement e-commerce pourrait lui aussi être influencé par le Request to Pay, notamment lors d’échanges entre particuliers. La nature instantanée du virement dans le cas d’un RTP fait que le paiement est reçu immédiatement par le vendeur, qui n’aura pas à s’inquiéter de la bonne réception des fonds de son client.

Enfin, les administrations publiques pourront utiliser le RTP dans l’optique d’optimiser le paiement et la collecte des impôts ainsi que toutes autres taxes étatiques. La procédure de digitalisation de ces organismes publics est déjà en route et le RTP apporte des solutions concrètes à ces nouvelles formes d’organisations.

Request to pay

Exemples et évolutions du RTP dans le monde

Quelques applications du RTP sont déjà observables un peu partout dans le monde, certaines remplies de succès et d’autres plus mitigées.

En France, un système similaire avait été pensé en 2016 : le SEPAMail Rubis. Sans entrer dans les détails, ce service n’a pas connu le succès escompté et n’a pas su s’imposer comme une réelle solution de RTP. Même si le contexte semble plus favorable aujourd’hui, poussé par des institutions européennes comme l’EPC (European Payment Council), il faudra attendre d’autres applications concrètes pour jauger l’attractivité du service dans l’hexagone.

Au Royaume-Uni, c’est en mai 2020 qu’a été nationalement lancé le RTP. Freiné par l’implémentation incomplète de l’authentification forte et par la concurrence de moyens de paiement déjà bien installés (le prélèvement notamment), il peine encore à s’y imposer. Néanmoins, Pay.Uk y a établi les standards du RTP et accompagne les acteurs désireux de tenter l’expérience. AccessPay travaille notamment sur une solution RTP compatible avec Pay.Uk et avec les standards SEPA.

Malgré ces deux exemples au succès mitigé, certaines applications réussies du RTP sont constatables dans d’autre pays. Le service de facturation BPAY en Australie rencontre un vrai succès avec près de 60% des australiens convaincus par le service. BPAY permet aux particuliers de payer leurs factures et aux entreprises de s’assurer de recevoir les fonds. Le processus est le suivant :

  • Le payeur s’identifie sur sa plateforme de banque en ligne et entame la procédure de paiement via BPAY.
  • Il entre ensuite le code du payé, le numéro de référence de la facture et enfin le montant qu’il souhaite régler.
  • Les institutions financières du payeur valideront le paiement tout en lui fournissant un reçu.
  • Enfin, les fonds seront déposés dans le compte récepteur le lendemain.

Ce parcours est un bon exemple de ce à quoi ressemblera une grande majorité des services Request to Pay à l’avenir, même si dans ce cas précis, le paiement n’est pas complètement instantané.

Aux Pays-Bas, c’est le système de paiement e-commerce iDEAL qui a implémenté avec franc un succès un service de RTP via QR CODE, bouton Internet ou lien de paiement en fonction des préférences des payés et payeurs. iDEAL est à ce jour le moyen de paiement en ligne le plus utilisé par les hollandais avec près de 69% de part de marché dans l’e-commerce, loin devant la carte bancaire (9%). A l’instar de l’Allemagne, les Pays-Bas font partie des plus petits utilisateurs de cartes bancaires en Europe, renforçant l’idée que des services comme le RTP pourraient y être pertinents.

Le Nigeria expérimente de son côté Remita un système de RTP adopté par la Banque Centrale du Nigeria. La solution permet d’effectuer des paiements C2B et offre donc la possibilité aux nigérians de payer différents services : institutions publiques, assurances, associations et clubs, shop e-commerce… Remita couvre la quasi-totalité des dépenses importantes qu’un citoyen serait amené à faire et traite près de 700 milliards de nairas tous les mois (1 naira= 486.15€).

Tous ces exemples à travers le monde renforcent l’idée que le Request to Pay est pertinent et apporte une véritable flexibilité dans la manière de commercer. Son étroite relation avec le paiement instantané en fait un moyen rapide d’échanger des fonds entre un payé et un payeur, même dans le cas de paiements récurrents. Le RTP devrait effectivement impacter fortement le processus de facturation, que ce soit pour les institutions publiques comme pour le paiement d’abonnements.

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