Big Tech : aussi puissantes que menacées

par | Nov 30, 2021 | débutants

Le terme « Big Tech » désigne les entreprises technologiques les plus dominantes et les plus importantes dans leurs secteurs respectifs. Leurs produits et services sont utilisés dans le monde entier et les entreprises comme les particuliers s’y fient de plus en plus. Cette omniprésence inquiète les autorités régulatrices en matière de confidentialité et de sécurité, ces « Big Tech » possédant une communauté d’utilisateurs gigantesque.

Lydia

Source : UP’ Magazine

Qui sont les Big Tech ?

Le terme Big Tech fait écho à celui de GAFAM, BATX ou plus récemment NATU, acronymes très souvent utilisé pour parler des mastodontes que sont Google, Alibaba, Facebook, Netflix ou encore Tenscent. On ne les présente plus : ces entreprises américaines et chinoises font partie des plus influentes dans le monde, avec un nombre d’utilisateurs faramineux :

  • 5 milliards de personnes ont un compte Gmail, qui est seulement l’une des nombreuses fonctionnalités du groupe Google.
  • Les utilisateurs actifs d’Alibaba étaient 925 millions en mars 2021, la quasi-totalité d’entre eux étant chinois.
  • Facebook compte aujourd’hui plus de 2.7 milliards d’utilisateurs, soit environ 30% de la population mondiale.

Ces chiffres vertigineux nous font bien comprendre le poids de ces entreprises dans le quotidien d’énormément de personnes à travers le monde entier. Elles bénéficient de l’influence toujours grandissante du digital, que ce soit dans le domaine privé comme professionnel. Leurs ressources et leurs connaissances du monde numérique leur ont permis d’avoir une longueur d’avance sur certains acteurs plus anciens, peinant à transitionner vers ces nouveaux modes de fonctionnement dématérialisés.

La Big Tech s’immisce dans le monde financier

L’un des secteurs visés par les Big Tech est celui de la finance. Comme nous l’avons souvent évoqué dans nos articles, la DSP2 et l’avènement de l’Open Banking ont permis l’ouverture des flux financiers.

Cette ouverture a permis à beaucoup de nouveaux acteurs de proposer leur vision des produits et services financiers. On parle ici des Fintech et à fortiori des Néo-banques, qui concurrencent les banques traditionnelles grâce à leurs offres digitales et à distance. Le succès de certaines d’entre elles comme Revolut ou encore N26 conforte l’idée que les utilisateurs seraient prêts à faire confiance à ces nouvelles banques pour la gestion de leurs finances.

Les Big Tech ont bien saisi cet attrait et commencent sérieusement à être présentes sur ce marché des services financiers à distance. Et comme nous le disions plus haut, elles possèdent un avantage considérable : une base d’utilisateurs déjà énorme, avant même le lancement de ce type de services. Là où une jeune néo-banque récemment créée devra mettre tout en œuvre pour capter et convaincre de nouveaux utilisateurs, la Big Tech peut compter d’office sur l’influence qu’ils ont déjà sur leurs millions d’utilisateurs pour plus facilement les inciter à utiliser leurs produits financiers.

Big Tech

Source : Le nouvel Economiste

Parmi les exemples les plus marquants on retrouve notamment :

  • L’Apple Card, qui est tout simplement une carte bancaire Apple. Elle permet de payer en sans-contact avec son smartphone, est compatible avec la flotte d’appareils Apple (montre, mobile, mac…), et elle fonctionne comme une carte bancaire classique.
  • Google a lancé récemment un service de compte courant, nommé Google Plex. S’appuyant sur l’application déjà existante Google Pay, il permettra à l’utilisateur d’ouvrir un compte chez une banque partenaire.
  • Facebook a choisi de son côté de tester le marché des cryptomonnaies. En expérimentation depuis maintenant quelques temps, le Diem sera la cryptomonnaie émise par Facebook. L’entreprise a d’ailleurs récemment proposé un service de Wallet de cryptomonnaies appelé Novi, qui sera probablement lié au Diem une fois celui-ci lancé.

On constate bien l’intérêt des Big Tech pour le monde financier. Confiants de leur communauté fidèle et nombreuse, ils savent que ces services peuvent la convaincre dans un contexte de transition et d’ouverture financière. Ce phénomène est d’ailleurs observé de près par certaines autorités régulatrices comme le BRI à l’échelle mondiale ou bien le Congrès américain pour les Etats-Unis.

La BRI de son côté a publié une note en aout 2021 pointant l’entrée de ces entreprises géantes dans le monde financier. La BRI craint que la combinaison du pouvoir de marché et de la gouvernance des données des Big Tech amène à une forme de monopole de celles-ci. Le projet de Diem de Facebook fait partie des inquiétudes citées, tant il pourrait faire perdre le contrôle monétaire historiquement régulé par les Etats.

Certains parlementaires américains ont de leur côté proposé 5 projets de loi visant directement le monopole des GAFAM. Ces derniers évoquent la peur que de nombreuses entreprises moins puissantes que les GAFAM se retrouvent détruites, sans aucune chance de les concurrencer. Un monopole implique aussi une gestion inégalitaire des prix, autre élément inquiétant le Congrès. Les GAFAM rachètent d’ailleurs près de 100 entreprises par an, confirmant l’idée que leur puissance écrasante ne favorise pas une concurrence équitable.

 

Les Big Tech divisent donc autant qu’elles réunissent. Adorées par leurs utilisateurs fidèles d’un côté, surveillées par des autorités de l’autre. Le débat n’est pas vraiment de réduire l’influence de ces géants, mais de s’assurer qu’ils ne profitent pas de leur puissance pour créer une concurrence inégalitaire pouvant aussi porter préjudice à leurs chers utilisateurs.

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