Deux projets de MDBC ambitieux

par | Oct 12, 2021 | débutants | 0 commentaires

Les Monnaies Digitales de Banque Centrale (MDBC) sont un principe récent découlant directement de la digitalisation des paiements et de la monnaie. Nous en parlions dans un article précédent : de nouveaux moyens de paiement dématérialisés apparaissent. Les Banques Centrales du monde entier veulent rester pertinentes et réfléchissent donc à des moyens d’adresser ce besoin de monnaie digitale. Ces Banques Centrales vont même aller jusqu’à s’associer pour proposer des projets transfrontaliers de monnaie digitale.

Les Monnaies Digitales de Banque Centrale

Source : AtoZ Markets

Le Projet Jura : une MDBC de gros pour les intermédiaires financiers

Le Projet Jura est un concept de monnaie digitale résultant de l’association entre la Banque de France, la Banque Nationale de Suisse et la BRI (Banque des Règlements Internationaux). Ces trois entités se sont unies à un groupement momentané d’entreprises (GME) composés du Crédit Suisse, de Natixis, Six ou encore UBS. L’objectif du projet est de tester les manières d’utiliser des MDBC, dans ce cas pour les intermédiaires financiers.

Rappelons rapidement que deux types de MDBC existent de nos jours : celles de « gros » et celles « de détail ». Une MDBC « de gros » concernera les acteurs financiers en fluidifiant les transactions interbancaires. Une MDBC « de détail », aspire à être utilisée par l’ensemble des agents économiques et donc à concurrencer la monnaie fiduciaire.

Dans le cas du projet Jura, nous restons bien sur un projet de MDBC de gros. D’après le communiqué de presse de la Banque de France sur le sujet*, « le but est d’analyser les règlements transfrontaliers effectués via deux MDBC de gros, en euro et en franc suisse ».

Il faut néanmoins garder en tête que ce projet reste une expérimentation : aucune des deux Banques Centrales concernées n’ont affiché l’intention de s’investir complètement dans les monnaies digitales. Le principe de MDBC est encore trop jeune, et les cas d’usage trop peu nombreux. Mais cela n’empêche pas les acteurs importants du paiement de se questionner sur l’avenir de leur secteur, qui sera surement influencé par ces nouvelles cryptomonnaies et toute autre monnaie digitale.

Le Projet Dunbar : l’association de quatre pays pour un système numérique de taux de change transfrontalier.

Le projet Dunbar partage des ambitions similaires à celles du projet Jura. Dans ce cas, ce sont la Reserve Bank of Australia, la Bank Negara Malaysia, la Monetary Authority of Singapore et enfin la South African Reserve Bank qui se sont associées.

Là aussi les acteurs cités ci-dessus veulent expérimenter des « shared platforms » pour des transactions transfrontalières utilisant plusieurs MDBC. Cela permettrait aux différentes institutions financières concernées d’échanger directement entre elles des monnaies digitales, sans intermédiaire.

Projet Dunbar

Source : DigFin

Cette volonté est d’ailleurs représentative de l’envie des Banques Centrales d’unifier les monnaies et de trouver des moyens d’atténuer les problèmes liés aux taux de change. Dans un contexte marqué par une forte réduction de l’utilisation du cash, les cryptomonnaies et les monnaies digitales gagnent du terrain et apparaissent de plus en plus comme une véritable alternative.

Le projet Dunbar est donc ambitieux mais représente une véritable opportunité de mesurer l’efficacité d’échanges transfrontaliers via des monnaies digitales émises par différentes Banques Centrales. La BRI a annoncé attendre les résultats de ces tests début 2022, résultats qui pourraient ouvrir la voie à de nombreux autres projets similaires.

Les MDBC sont effectivement jeunes et peu de cas d’application sont à ce jour observables. Réfléchies en réaction à l’essor des cryptomonnaies, les monnaies digitales de Banques Centrales ont un peu de retard mais compte bien se faire leur place. Les projets présentés dans cet article en sont une preuve : les Banques Centrales du monde entier ne veulent pas rester statiques face à l’évolution du paiement et des échanges financiers à laquelle nous assistons.

Avec l’implication d’entreprises privées comme Facebook avec le Diem, les Banques Centrales estiment également nécessaire de pouvoir concurrencer ces paiements numériques. Un acteur aussi important que Facebook pourrait profiter de sa base gigantesque d’utilisateurs pour les inciter à utiliser le Diem plutôt qu’une autre monnaie. Un des rôles fondamentaux des Banques Centrales est justement d’éviter ce genre de situation, d’où l’apparition des projets présentés au cours de cet article.

*https://www.banque-france.fr/sites/default/files/medias/documents/communique-de-presse_projet-jura_fr.pdf

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